LES MIGRATEURS
1
Aux enfants du bon dieu qui vont, ce millénaire
Ouvrir les yeux et commencer l’itinéraire,
Je souhaite une enfance insouciante et marrante,
Des parents pas trop chiants, une jeunesse ardente
De migrateurs, de voyageurs,
Un âge mûr tranquille et qui finit en douce
Discrètement, fin du chantier, mort de la source.
2
A toi, mon fils aîné, Tarzan et Lagardère
Mon petit peu de sang coriace et solitaire,
Tous mes vœux d’avenir sans trous ni écorchures,
De paresse amicale et de désinvolture,
Mon migrateur, mon voyageur,
Et mène librement, ni vainqueur ni vaincu
La vie de grand garçon que je n’ai jamais eue !
3
A toi, mon second fils, compliqué prédateur
Si peu sentimental funambule du coeur,
Toi qui fus ma plus tendre inquiétude ici-bas
Quand ce veau d’accoucheur ne te ranimait pas,
Mon migrateur, mon voyageur,
Le jour du Grand Départ, vieux papa tout cassé
Sois mon dernier clin d’œil et mon laissez-passer !
4
Et toi, petit dernier, la guitare à la main,
Partoches dans la poche et l’ampli sur les reins
Bienvenue dans la fosse aux lions et aux chimères
Face au public, cool et paré pour la galère,
Mon migrateur, mon voyageur,
Mène à bien le travail que je n’ai jamais fait
Et sois le musicien dont ton papa rêvait !