LES CORNIAUDS
2
Les cancans, les ragots
Des « Anciens d’Indochine »
Content qu’il fut dingo
D’un souillon de cuisine
Longtemps sa concubine :
Cette fille en
Tablier blanc,
Obéissant,
C’était ma mère…
3
Peut-être qu’il l’aima,
Cette bonne à tout faire
La farce ne le dit pas
Et ceux qui la jouèrent
Sont tous au cimetière !
J’sais pas pourquoi
Je déballe tout ça :
Elles sont à moi
Ces ombres chères !
4
Faut dire que dans ce coin
Il était très commun
De greffer des gamins
Aux filles indigènes :
Nous sommes des centaines !
Ricanez pas
Fils à papa,
Fabriqués à la régulière !
5
Puis ce vieux dégourdi
Des amours ancillaires
Ramena ses petits
Mais oublia leur mère
Au milieu des soupières.
Et c’est ainsi
Salut Paris !
Que j’ai grandi
Loin des rizières…
6
Mais bien d’autres restèrent,
Anonyme marmaille,
Graines de légionnaires
Semés dans la pagaille
Des soirs de représailles.
Eparpillés
De barbelés
En barbelés,
De guerre en guerre.
7
Salut tous les corniauds,
Les indéfinissables,
Salut tous les corniauds
Sans terre ni drapeau,
Les quatorzièmes à table
Que mauvais vents,
Que temps violents
Haine et slogans
Déracinèrent,
CODA
J’sais pas pourquoi
Je déballe tout ça :
Mon monde à moi
Mes p’tites misères…